9

De : Brunette
A : Blondie 
Objet : Typologie de l'abstinence mes fesses … part2

Dear Blondie

Bon en fait, je crois que je connais mon truc plus ou moins bien. Et puis je commence à saturer. La question de la ségrégation commence à me taper sur le système. Pas au point de cracher sur les pauvres et de devenir une méchante capitaliste, ne fabulons pas non plus.

Revenons-en donc à cette explication hyper longue qui tend à expliquer qu’en fait, j’ai décidé d’être seule pendant très longtemps. Non, parce qu’à chaque fois, je commence à passer des moments chouettes avec un mec, je ressens des trucs plutôt cool, mais qui ne justifie pas ce qui suit. C’est à dire que du jour au lendemain, je suis en couple, c’est redondant et chiant. Bon peut-être qu’au final c’est ça être « in Relationship », c’est mielleux et mou du cul au possible. Alors peut-être que ce que j’ai vécu avec l’Enchanteur c’était genre une exception… (les points de suspension sont là histoire d’aggraver ce constat)

Après c’est aussi pour dire que je ne veux même plus avoir à discuter de définition en tout genre, ne plus avoir la pression et ne plus en mettre. Peut-être qu’un grand brun tout mince aux yeux clair muet ferait l’affaire. Quoiqu’il en soit, dans ma tête tout semble claire comme de l’eau de roche. Surtout ces dernières semaines où j’en étais même arrivé à la conclusion que le sexe était une perte de temps et que toute seule ça marchait à tous les coups ; pas besoin d’attendre que l’autre soit disponible et en plus ça va vraiment plus vite. J’en suis même arrivée à la gravissime finalité de ne plus sortir en soirée. Bon pour le coup, les examens y sont probablement pour quelque chose.

C’était donc sans compter vendredi passé. Il était à peu près 19h, ça faisait 11h que j’étais posée à la bibliothèque en attendant patiemment les 21h pour rejoindre deux amis histoire de boire vite fait une bière et par la même occasion fêter la réussite de l’un à ses examens.

Tout à coup, je vois que j’ai un mail. Le Danseur est à Genève, il sera à l’Usine ce soir. Je lui réponds que j’avais pensé y aller mais que je suis trop fatiguée et que donc je n’y serai probablement pas. J’y avais réellement pensé, l’idée de musique électronique et de voir Asia Argento vieillissante m’avait légère titillée, mais bon. Je me remets à travailler. Et je ne sais pas ce qu’il m’a pris, j’ai embarqué mes affaires, déboulé chez moi, enfilé un décolleté, et suis partie rejoindre mes potes avec l’intention d’en embarqué au moins un avec moi à l’Usine.

Je bois une bière, on file à deux à l’Usine, il y a encore peu de monde. Au bout d’une demi heure, je sors fumer une clope. Quand je le vois débouler vers moi, je crois que j’étais super heureuse de le voir, je crois que ça se voyait aussi. Sur le moment, je me demandais quand même bien ce que je foutais en débardeur dehors par ce froid. On discute un peu, je ne sais absolument pas quoi lui dire. Oui je sais, c’est étrange, il m’arrive de ne pas parler. Je t’assure. A l’intérieur, on se croise, on se sourit, je crois qu’on se cherche un peu des yeux. Mon pote se tire, moi je reste et de toute façon quant à faire je suis déjà saoule alors je recommande une bière. Mon ivresse s’aperçoit à peine, en tout cas pas quand je dis à tout le monde : « rhooo putain je suis trop contente d’être sortiiiiiiiie ! ».

On finit de nouveau par danser, c’est de nouveau bouillant. En tout cas, moi j’étais bouillante. Étonnamment, au vue de tout ce que je t’ai dit plus haut. C’était bien cool, jusqu’à ce que son pote (avec qui il était venu à Genf) bien défait veuille rentrer. Ils m’ont tous les deux raccompagnés jusqu’à Plainpalais, je crois que ça nous faisait chier à lui et moi. En tout cas c’est l’impression que j’ai eue, après tu sais l’alcool, la prétention,…

Après sur le chemin, je me suis remise les idées en place. Finalement c’était très bien que son pote soit là, c’est aussi très bien qu’il soit pris et c’est encore mieux qu’il habite loin. Bien qu’il soit venu voir pour bosser ici, mais il y a peu de chance, enfin je ne sais pas, j’y connais ked’. C’était définitivement plus, cool de juste y penser, parce que je me suis mise à imaginer comment ce serait si tous ces paramètres n’étaient pas présents et autant te dire… so boring ! Je crois que je suis cinglée.

Mais ce n’est pas fini, enfin c’est plutôt anecdotique, mais depuis samedi midi (heure de mon arrivée à la biblio), je me suis réveillée. Enfin dans le sens où non, je ne veux toujours pas partager mon petit déj’ avec qui que ce soit, mais l’idée du coït (mot neutre) a commencé gentiment à me caresser l’esprit (pas de mauvais jeu de mots). Par contre depuis aujourd’hui, ça devient une obsession. J’en viens même à faire mes repérages à la biblio. Au point où je me suis tirée vers 15h, parce que j’étais pas capable de bosser correctement. Oui j’ai repéré, j’ai listé, j’ai noté, j’ai classé. Justement je vois le psy après-demain.

Voilà très chère tout ça pour ça.

Je t’embrasse

Brunette.